DELIE, objet de plus haute vertu, est l’œuvre majeure de Maurice Scève. Le livre est composé de poèmes qui ont tous la même structure métrique : 10 vers de 10 syllabes. 449 dizains, introduits par un huitain de dédicace du poète "À SA DÉLIE". À partir du dizain VI, l'ouvrage est organisé en 49 séries de 9 dizains, chaque série étant précédée d'une gravure sur bois. La dernière gravure, n° 50, est suivie de 3 dizains. D'où la formule 5+(9x49)+3 qui a prêté le flanc à bien des interprétations.

Chaque gravure comporte une image et une devise étroitement associées au dizain qui suit. Cet ensemble constitue un emblème, un genre très en vogue à l'époque de Maurice Scève. Les trois éléments de l'emblème s'éclairent (ou s'obscurcissent) mutuellement et entrent en résonance avec d'autres dizains plus lointains. Dans l'édition originale, celle de 1544, la virtuosité de la composition typographique a permis de placer chaque emblème en haut d'une page de droite, dite "belle page".


Page-titre de Délie publiée en 1544 à Lyon chez Sulpice Sabon

pour Antoine Constantin. BM Lyon Rés. 355912

Les 50 gravures sur bois de Délie

 

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On ignore qui sont le dessinateur et le  graveur des emblèmes de Délie , ni s'ils ont été créés spécialement pour l’œuvre de Maurice Scève ou bien s'il s'agit d'un réemploi total ou partiel.



Délie est un des noms de Diane, déesse chasseresse, farouche aux hommes, sœur jumelle d'Apollon, le dieu du soleil. Son image est associée à la nuit et à la lune. Derrière Délie se cache très vraisemblablement la poétesse Pernette du Guillet, inspiratrice et destinataire de ce chant d'amour,  avec qui Maurice Scève a entretenu, pour le moins, un dialogue poétique.

DÉLIE est une œuvre d'une grande force et singularité,  tant par sa forme que par son contenu. Plus qu'une œuvre sentimentale, il s'agit d'un travail de création long et douloureux où s'expriment les  tensions et les contradictions qui unissent l'amour, le langage et l'image. Comment dire ou imager l'amour ? Comment penser l'union du corps et de l'âme, dans la vie comme dans la mort  ? Cette interrogation est  le sens  même de la poésie de Maurice Scève . Il l'a portée à son point de plus haute vertu.

DÉLIE  s'ouvre et se clôt sur la même devise : "SOUFFRIR NON SOUFFRIR".