Le Petit Œuvre d'Amour et Gaige d'Amytié (1538*)


En 1538, parut à Paris, un recueil de poésies amoureuses, imprimé par Jean Barbedorge et vendu chez le libraire Jean Longis : Le Petit Œuvre d'Amour et Gaige d'Amytié. Il semble que ce soit un ouvrage collectif, mêlant  au moins deux voix , l'une féminine, l'autre masculine. Il comporte deux devises : « Ainsi ou non » et « Non si non la ». On retrouve cette dernière devise sous la plume de Maurice Scève, dans son sonnet d'hommage à Louise Labé en 1555, et dans Microcosme en 1562. De plus, un des poèmes du Petit Œuvre a été repris avec quelques adaptations dans Délie. La participation de Maurice Sève à ce recueil est donc très probable, mais rien ne permet de l'affirmer avec certitude.

 

La trace de cet ouvrage avait été perdue quand un exemplaire unique réapparut en 1927. Il fut acquis par Édouard Herriot, maire de Lyon, qui le fit rééditer à 150 exemplaires par l’imprimeur Marius Audin. À l'époque de vives discussions s'élevèrent entre historiens concernant l'identité de l'auteur (ou des auteurs). La polémique est aujourd'hui retombée et mais rien ne permet de trancher absolument la question. L’ouvrage est aujourd'hui extrêmement rare. Le Musée de l'Imprimerie et de la Communication graphique de Lyon possède un exemplaire (numéroté XXVII) de l'édition de 1927.

 

* Le privilège d'édition du livre est daté du 22 janvier 1537. Il porte le millésime 1537, mais il s'agit d'une datation ancien style où  l'année se terminait à Pâques. À partir de l'édit de Roussillon (1564),  l'année commence au 1er janvier. La période du 1er janvier à Pâques 1537, ancien style, correspond à la première partie de l'année 1538, nouveau style.


Montage réalisé par mes soins à partir de l'exemplaire unique

du Musée de l'Imprimerie et de la Communication graphique de Lyon. Référence : AUD 145

(Avec mes sincères remerciements)

Quelques particularités  typographiques  de l'édition d'origine, reprises dans l'édition de 1927 :

- un petit trait au-dessus d'une voyelle indique qu'elle est nasalisée. Ex : mŌ = mon

- la lettre  "q"  seule ou surmontée d'un petit trait équivaut à "que"

- le chiffre 9 en position d'exposant remplace le groupe "us". Ex : vo9 = vous,  pl9= plus

- la lettre r en position d'exposant remplace le groupe "ur". Ex : vainquer = vainqueur

 


Paradoxe contre les Lettres, chez J. de Tournes (Lyon), 1545

Site Gallica de la Bibliothèque nationale de France

ark:/12148/btv1b86107645

 

Paradoxe contre les Lettres (1545)

 

Le Paradoxe contre les Lettres est paru chez Jean de Tournes en 1545. Comme son titre l'indique, il s'agit  d'une œuvre du genre paradoxal, dans la lignée de l'Éloge de la Folie d'Érasme ou des Paradossi d'Ortansio Lando.

 

Cet opuscule en prose d'une trentaine de pages se présente sous la forme d'une lettre. Opsimathes (=celui qui apprend sur le tard) s'adresse à son ami le Philomusard (=l'amoureux des Muses) pour le convaincre que les Lettres, poésie, littérature et plus généralement tout ce qui relève de l'écrit, est nuisible à l'homme. Mieux vaut se parler que d'écrire. Et pour finir Opsimathes demande à son ami de brûler sa lettre pour qu'il n'en reste plus de trace.

 

L'attribution du Paradoxe contre les Lettres à Maurice Scève n'est pas établie avec certitude. Madame Michèle Clément, une des meilleures spécialistes de Maurice Scève, relève dans le texte un faisceau d'indices qui milite en faveur de cette hypothèse notamment deux mots d'emploi unique, des hapax, qu'on ne trouve que sous la plume de Maurice Scève : gruer (Délie, dizain XCIX et Paradoxe page 14) ; pernicie (Paradoxe page 17 et Microcosme, livre I, vers 850).  Pour ma part, je trouve sa démonstration convaincante.